Le MAW à SCHOPPERNAU en 2022

Samedi 5 Mars
C’est par une belle matinée au ciel dégagé que nous covoiturâmes depuis l’Alsace vers Schoppernau en un peu plus de 3h30. Le diesel cher engageait à rouler un peu moins vite que d’habitude et cela se ressentait même sur les autoroutes suisses.
Nous arrivâmes à notre chalet presque en même temps que nos camarades qui avaient opté pour un resto sur place ; Wiener Schnitzel de rigueur dans un souci évident de raccrocher le haut du PTV.
Mon camarade de voyage Thierry appréhendait cette semaine car il n’avait pas volé depuis 2 ans et de surcroit aller étrenner sa nouvelle voile. L’envie de voler plus forte que tout nous fit prendre les bennes du Diedamskopf dès 14h30. Au déco, un vent à la direction indécise nous fit envisager différents axes de décollage et c’est finalement orienté sud est que les premiers franchirent le pas.

En l’air, ils perdaient rapidement de l’altitude car étant sous le vent et les suivants prirent l’arrête toute à droite pour remonter au-dessus du déco où Cramaillou et G-Pat, arrivés avec le groupe précédent avaient déjà pris leurs aises. Ce vol dynamique nous permit de tenir une bonne demi-heure et nous y serions probablement restés plus longtemps s’il n’avait pas fait aussi froid. C’est avec les doigts gelés que nous prîmes l’option de la descente au-dessus des pistes bien enneigées de cette belle station qui est aussi l’un des plus beaux belvédères des alpes autrichiennes.
De retour au chalet, Installation et premier apéro avec Christine, Jocelyne, Calli, Léon, Walter et Thierry. Je fournis le repas du soir préparé amoureusement par mon épouse et cette veillée ne se prolonge guère car nous sommes un peu fatigués par cette première journée.

Dimanche 6 Mars
Il fait toujours aussi beau et froid et nous décidons d’aller skier à Mellau-Damuls car un passage nuageux est annoncé en fin de soirée limitant l’activité parapente.
Cette station bien connue a beaucoup investi ces dernières années et le récent télécabines 10 places propose un débit qui évite les longues attentes. Au premier étage alpin à 1400m, les enneigeurs permettent de bien couvrir toutes les pistes et bien que la neige soit un peu dure par endroit, le ressenti sous les skis est très bon.
Notre groupe amorce les premières descentes et nous rencontrons rapidement les autres membres du club et leurs épouses logés dans les 2 autres chalets loués par notre GO Christine.

Cette première journée de ski nous permettra une bonne mise en jambes et la venue du brouillard en fin d’après-midi nous incite à rejoindre le bas de station. Retour au Chalet où Thierry et Walter qui avaient décidé de rester sur Schoppernau nous apprennent avoir effectué un beau vol contre toute attente.

La soirée s’entame autour d’un apéro et de belles discussions sur nos premiers ressentis en ski et parapente mais il ne faut pas trop trainer car ce soir, l’on brûle la sorcière sur le bûcher près de l’attero. Nous avons juste le temps de nous y rendre à pied et assistons à cette vieille tradition symbolisant la fin de l’hiver.

Après le repas préparé par Walter, le maitre des rips flamands et quelques verres de rouge, nous avons encore un peu de mal à assurer une veillée éveillée et prenons rapidement le chemin des pénates.

Lundi 7 Mars
Un peu frustrés de ne pas avoir volé la veille et après une matinée de ski sur les très belles et larges pistes du Diedamskopf, nous voilà repartis, voile dans le dos pour le déco. Le soleil est toujours au rendez-vous et il fait un peu moins froid. Bien couverts et gantés, nous prenons l’air où sans vent dynamique, nous devons grappiller quelques mètres ci et là. Les vols seront plus courts mais les meilleurs d’entre nous montent au plafond, renseignés par le vol adéquat de pilotes locaux.

L’ambiance à l’atterrissage est détendue ; les volants sont apaisés par cette belle expérience et Thierry, de plus en plus confiant en son nouveau matériel, a repris goût à l’activité.
Nous regagnons tranquillement notre douillet chalet où Jocelyne mijote une bonne blanquette et où Léon nous servira l’apéro. Walter nous fait profiter de sa virtuosité à la guitare et enchaine quelques airs bien connus des amateurs de blues.

Nous avons doucement pris le rythme de ce séjour et l’on se sent comme chez nous dans ce coin de terre où tout est calme et respire la paix. Nous évitons de parler de la guerre en Ukraine, comme pour éloigner le mauvais sort et pour chasser de nos pensées ces images que l’on pensait faire partie de passés lointains.

Mardi 8 Mars
La journée promet d’être belle et nous comptons bien voler cet après-midi. Nous skions donc le matin sur le Diedamskopf où notre guide des pistes, Calli nous emmène sans hésitation de pente en pente, gérant au mieux, l’ensoleillement, la qualité de neige, le niveau et l’attente des skieurs.
Vers midi et demi, retour au chalet où nous déjeunons sans tarder avec les restes de la veille pour rapidement remonter au déco pour de nouveaux vols.
La météo change en ce milieu de semaine et annonce une période moins froide avec un anticyclone qui nous protégera jusqu’à la fin de notre séjour de tout risque de précipitation.
Nos vols sont paisibles et certains se maintiendront plus d’une heure au-dessus d’une arrête bien exposée. Après le posé, l’attéro est un lieu où l’on prend le temps d’échanger avec les mawiens des autres groupes et la température très agréable au soleil nous donne envie de prolonger nos discussions.

Après notre désormais traditionnel apéro bière, c’est Thierry qui nous régale et nous épate avec ses talents de cuisinier mais nous ne nous attardons pas trop à table car Christine aimerait bien nous coopter pour un jeu de société. C’est le 6 qui prend tout qui deviendra notre jeu préféré, mêlant stratégie légère et chance du débutant. Nous arrivons enfin à passer le cap des 22 heures avant de nous coucher.

Mercredi 9 Mars
Cette journée débute encore par un magnifique soleil mais la probabilité de réaliser de grands vols est faible et nous préférerons utiliser cette journée pour aller skier à Schröken-Warth, l’autre grande station du Bregenzerwald.
C’est l’une des stations les plus enneigée d’Autriche car elle bénéficie des précipitations issues de l’évaporation du lac de Constance qui s’accumulent en ce fond de vallée. Effectivement, nous constaterons une très bonne neige sur les pistes moins préparées que celles de Mellau ou Schoppernau. Qu’importe, les pistes sont variées et nous prenons un grand plaisir à les dévaler. Les groupes se rejoignent et se défont et nous essayons par moment quelques portions hors-piste.
Cette station engage habituellement à explorer les pentes hors-piste de neige vierge mais là elle est croutée et gelée et nos ardeurs sont tempérées par cette texture peu agréable.
Je découvre avec bonheur un Mawien animateur de métier, puisque professeur des écoles à la retraite, qui en connait un rayon sur l’art et la manière d’égayer l’assistance et je m’applique à le seconder dans l’interprétation d’une vieille chanson paillarde Alsacienne ; merci Jacky pour ce moment de retour aux sources.

La journée de ski fut intense et nous regagnons notre chalet, conduits par Léon qui assura le covoiturage tout au long de la semaine ; merci Léon.
Ce soir, c’est Christine et Calli qui cuisinent et les nombreuses crudités sont bienvenues pour compenser nos pertes en eau et vitamines de la journée. Après le repas, nous nous essayons à un autre jeu de société qui ne remportera pas le même succès que le « 6 prend tout ». Nous passons tout de même le cap des 22 heures.

Jeudi 10 mars
Ce matin, c’est le printemps et l’air est déjà léger en vallée; serait-ce la promesse de beaux vols à venir ? Nous décidons de skier à Schoppernau pour y voler en début d’après-midi.
Après un déjeuner rapide, nous voilà au décollage. Très vite, les meilleurs de l’équipe exploitent les expériences acquises en début de semaine et savent monter au plafond du Diedamskopf. L’opportunité pour ces quatre pilotes de partir en cross vers Mellau se présente et ils tentent le coup. Certains devront se battre tout au long du parcours alors que Thierry ; pilote sans activité depuis deux ans, fait les meilleurs choix en observant les rapaces qui enroulent sur les fonds de vallée. Il réussira l’aller-retour à bonne altitude. Les autres devront se poser limite ou peu avant l’attéro. Qu’importe puisque ce cross était normalement infaisable à cette période de l’année et des locaux viendront féliciter les Mawiens.

Pour ma part, resté en local, j’ai pu assister à un exercice peu ordinaire de la part d’un volant du cru. Voilà qu’un pilote avec qui j’avais déjà discuté les jours précédents, réalise un décrochage à 2 mètres de hauteur suivi d’un roulé-boulé dans la pure tradition parachutiste.
Je lui demande si tout va bien et il m’explique que tout était maitrisé et que cet exercice est habituellement imposé aux élèves de son école lorsque la neige est suffisamment haute et poudreuse; l’exercice consistant à mettre en pratique tout ce qu’il ne faut pas faire en conditions de vol normales et à bien appréhender le point de décrochage.
Nous en discuterons entre Mawiens durant notre apéro pour trouver cela plutôt opportun.
La soirée se finit par un repas constitué de tous nos restes puis par une partie de 6 qui prend tout où nous rallions notre ami flamand Walter qui semble-t-il y prend goût.

Vendredi 11 mars
C’est déjà la dernière journée de notre séjour et il faut beau et déjà bien doux en cette matinée ; Nous choisissons d’aller skier à Mellau pour la journée puisque l’activité parapente avait été couronnée de succès la veille. Le neige se transforme rapidement en neige de printemps sur les pistes les plus basses exposées sud mais reste facile à skier tant qu’il n’y a pas trop d’amas.
Les groupes se font et se défont et nous passerons l’après-midi à écumer les pistes les plus difficiles entre bons skieurs pour emprunter en fin de journée la descente jusqu’au bas de la station. A l’occasion d’une pause, nous observons en bord de piste quelques arbres majestueux estimés à plusieurs centaines d’années. Il s’avérera qu’il s’agit d’érables plantés il y a plus de quatre cents ans et dont les feuilles mortes servaient de litière.
Tout au bout de cette longue descente vers la vallée, le traditionnel bar après-ski à la musique si typique nous attend. Nous nous retrouvons tous groupes confondus pour une pinte de bière et G-Pat nous initie au Flying Hirsch, un mélange tonifiant, idéal pour nous, sportifs de l’extrême; merci G-Pat pour cette tournée qui termine cette semaine exceptionnelle à tant d’égards.

Samedi 12 mars
Après avoir rangé nos affaires et chargé nos voitures, il est temps de se dire au revoir. Nous nous rendons bien compte que cette semaine a consolidé de vieilles amitiés et nous nous enlaçons avec émotion et sans les masques qui n’étaient plus obligatoires en Autriche depuis la veille de notre arrivée.
Ce fut donc une très belle semaine de ski, de vol et de convivialité, probablement ce qui se fait de mieux quand les hommes savent comprendre et apprécier leurs différences.
Yvan